Panama méconnu : à la découverte de joyaux tropicaux

Vivre des expériences hors du commun, sans ce côté touristique superficiel, est-ce votre concept du voyage ? Si vous avez envie de connaître le Panama autrement, suivez-moi ! J’ai parcouru ce petit pays d’Amérique Centrale, en long et en large, gravi les montagnes, goûté à la culture locale, effleuré le sable des îles. Chaque région recueille de vrais petits trésors et de rencontres authentiques. Découvrons mon voyage sur mesure pour visiter Panama différemment.

Côté nature, découvrir le pays hors sentiers battus

Ayant un faible pour les cascades, je prépare mon parcours en 4×4 depuis la ville de Panama City. Je me rends à l’Université du Panama, pour me procurer des cartes en papier des régions du Chiriqui et de Santa Fe de Veraguas. Car, Waze et Google Maps ne savent pas tout et, il faut l’avouer, n’ont pas ce côté baroudeur ! Et c’est parti pour une tournée à travers tout le Panama. 

Je commence par El Valle de Anton avec une balade tranquille à la cascade El Chorro Macho (70 m de haut) : un chemin balisé avec des petites passerelles me guide dans la forêt humide. Passionnée de randonnée, j’attaque ensuite la montée raide du pic de Cerro La Silla. Je dois lutter contre le vent fort pour ne pas tomber lors de l’ascension. La balade est magique au coucher de soleil, la vue s’étend sur le Cerro Picacho de la lagune de San Carlos jusqu’au volcan Baru.

Mon prochain arrêt est à Santa Fe de Veraguas, à la lisière du parc national. Une randonnée d’environ 2 heures aller-retour m’attend sous un ciel gris et menaçant de pluie. Le suspens s’accroît au fur et à mesure que j’escalade les rochers le long de la rivière. J’entends au loin le brouhaha puissant de la chute d’eau. J’imagine sa forme, sa hauteur. Peut-être sera-t-elle entourée de petits lagons ? Le courant sera-t-il tellement fort que l’on criera pour s’entendre ? Me voilà enfin au pied de la cascade Las Golondrinas. Coulant sur d’imposants rochers, coincée dans la végétation luxuriante et sauvage, elle éclabousse tous les alentours. 

Non loin de là, j’aperçois le volcan Baru, point culminant du pays avec ses 3475 mètres d’altitude. Je planifie son ascension à pied, environ 12 heures à crapahuter, avec éventuellement une nuit sous la tente à mi-chemin. Mais les conditions météorologiques de ce jour, plus précisément de grosses pluies diluviennes, m’ont empêchée de grimper. De plus, l’idéal est de bénéficier d’un panorama dégagé une fois au sommet du volcan. De toute façon, j’avais oublié ma doudoune, eh oui, le temps peut être glacial, jusqu’à 0 degré… Ce sera donc pour une prochaine fois !

De retour vers la capitale, je décide à la dernière minute de m’arrêter à Boquete.
À la recherche d’adrénaline et de sensations fortes, je m’élance sur une tyrolienne de la région. Je survole une forêt dense, un torrent tumultueux, tout n’est qu’humidité autour de moi.

Pensez à réserver votre place sur une de ces ziplines, vous planerez de bonheur ! 

Passons à l’est de Panama : le Darien est bien moins fréquenté, peut-être par manque de routes. D’ailleurs, le bateau est le moyen de transport préféré. Me voilà dans une pirogue sur les eaux du lac Bayano, à environ deux heures de route de Panama City. Ce réservoir a été constitué en 1976 au moment de la construction du barrage. Les cimes des arbres noyés dépassent de la surface de l’eau. On s’enfonce dans une grotte, un peu de fraîcheur, quelques chauves-souris suspendues et on se croirait dans un film absolument fantasmagorique.

Côté mer, explorer les centaines d’îles peu habitées

« Chaque habitant du Panama pourrait posséder sa propre île, tant elles sont innombrables », j’ai cette phrase d’accroche en tête depuis que j’ai touché le sable de plus d’une trentaine de ces coins de paradis. Où se trouvent-ils ? Partout, puisque le pays est un isthme coincé entre l’océan Atlantique et le Pacifique.

On ne s’ennuie jamais sur un bateau : admirer les couchers de soleil, plonger en apnée dans les eaux transparentes, bronzer en mode méditation, nager à côté des baleines gigantesques, manger une empanada (sandwich farci local) sur une lagune de sable éphémère. Un vrai luxe !

En accostant sur la plage de l’île Montuosa, je suis envoûtée par tant de beauté sauvage. Tout est à la fois calme et brutal. La nuit venue, impossible de dormir tellement je suis excitée de voir les étoiles scintiller fort, à travers l’indispensable moustiquaire ! 

Le lendemain, j’embarque pour l’île de Coiba, réserve nationale et zone de protection marine. Le snorkeling de cette journée restera gravé à tout jamais : ma première rencontre avec un requin-baleine, superbe, majestueux ; il monte depuis les fonds, bouche grande ouverte pour happer les planctons. À la tombée de la nuit, oh, surprise effrayante : un crocodile nage sous le bateau dans lequel je dors. La biodiversité extraordinaire de cette région invite à plonger pendant des heures à la découverte de la faune marine. Sans compter que l’île abrite des espèces en voie d’extinction comme la harpie huppée.

Partons du Chiriqui en direction de l’archipel de Las Perlas, où baignent 183 îles, dont peu sont habitées. Masque, tuba et palmes sont vos accessoires privilégiés pour plonger dans leurs eaux turquoise. Quelques-unes de mes favorites pour découvrir le pays hors sentiers battus : 

  • Fouler le sable blanc d’une magnifique et longue plage de Viveros, sans personne autour, c’est absolument sensationnel.
  • Sur l’île de Contadora, j’explore un hôtel des années 80, abandonné et dit hanté, non loin d’un bateau naufragé ; au crépuscule, des cerfs sautent et traversent devant moi. Ambiance mythique !
  • San José ressemble à une île du bout du monde, avec ses vagues déferlantes sur les énormes rochers au milieu de la baie. La nature est brute, les fonds marins fantastiques. En naviguant de San José à Pedro Gonzalez, un mammifère marin se cogne sur la coque du bateau. On peut voir des dizaines d’autres mammifères se courbant à la surface de l’eau, ils ressemblent à des dauphins ou bien des orques… je fais mes recherches, il s’agit d’orques pygmées. La découverte de chaque nouvelle espèce est un enchantement.

Côté culture, comprendre et découvrir les peuples

Ma première impression du Panaméen : il n’existe pas un stéréotype, mais bien plusieurs facettes du profil panaméen. Panama est un brassage ethnique, une vraie plateforme multiculturelle. La population en majorité métisse (descendants mixtes d’autochtones et d’Espagnols) se mélange aux communautés indigènes ; les plus connues sont les Emberas, les Kunas (rebaptisés Gunas depuis 2011) et les Ngöbe-Buglé

Le tour culturel classique du visiteur fraîchement débarqué passe généralement par la rencontre avec les indigènes, l’artisanat textile ou encore les défilés des Polleras, représentant le folklore panaméen lors de cérémonies. 

Aux San Blas, tout porte à croire que l’on est dans un autre état, tant le choc ethnique est grand par rapport au reste du pays. En effet, les Gunas jouissent d’un régime autonome au Panama et conservent leurs propres rites et traditions. Une lancha (barque) me dépose sur les rives du village de Corazon de Jesus. Pieds nus, je traverse un dédale de cabanes en bambou. Chaque Guna vaque à ses occupations : un pêcheur vide et écaille les poissons du jour, une femme se brode une mola (blouse typique aux couleurs vibrantes sur fond noir). J’entre dans un boui-boui sombre. Ici pas d’arroz con pollo y guandu (plat à base de riz, poulet et pois) emblématique de la capitale, mais simplement un poisson délicieux grillé avec du riz. 

Plus à l’intérieur des terres, certaines coutumes ne se perdent pas, comme le sombrero pintao. Dans la région de Coclé, nombre d’autochtones portent cette coiffe. Attention, je ne parle pas du fameux chapeau de Panama, originaire d’Équateur, mais bien de ce couvre-chef blanc à rayures fines. Un détail amusant : les hommes relèvent toujours le bord avant. Les techniques et les procédés de sa confection ont été déclarés patrimoine culturel immatériel par l’UNESCO en 2017.

Au cœur de Panama City, se dessine un contraste original : d’une part, les gratte-ciel et les restaurants chics, d’autre part les enseignes rétro de boutiques peintes sur les murs de la rue, et le défilé des femmes Gunas, vêtues de leurs molas et de fins colliers de perles oranges lacés tout autour du mollet. 

L’histoire du café a également sa place dans l’identité authentique de Panama. Non loin du Costa Rica, les versants des montagnes du Chiriqui offrent différentes variétés de grains. Le Geisha aux arômes floraux de citron et de jasmin est la variété la plus chère au monde.

Que cela ne vous empêche pas d’aller flâner dans les plantations ! Moi-même fan de cette boisson chaude, j’ai eu plaisir à visiter différentes fincas (fermes) de café à Boquete. Les torréfacteurs expliquent avec passion tout le processus, de la semence, la cueillette jusqu’à la dégustation. Une expérience à ne pas manquer ! 

L’aventure est loin d’être finie. Je rêve de réaliser une randonnée extrême au cœur du Darien, de marcher sur les ponts suspendus à Boquete, de ramer entre les mangroves de Bocas del Toro et la liste continue.

Alors, convaincus et prêts à faire votre sac pour goûter aux charmes méconnus de Panama ?

Aude Trinquier Dufossez, rédactrice web SEO